Il peut être utile de mettre cette pratique intemporelle en perspective. La tradition antique que nous appelons aujourd’hui le Zen s’étend sur plusieurs siècles et continents. Elle est apparue il y a 2 500 ans sur les contreforts de l’Himalaya, aujourd’hui l’Inde, avant de se frayer un chemin en Chine, au Japon, et finalement en Occident, en Amérique et en Europe. Son fondateur, l’homme que l’on appelle le Bouddha, terme sanskrit qui signifie « l’éveillé », a développé un enseignement et une pratique de la méditation qui s’appuient sur son expérience directe de la réalité, de l’unité de son être et de toutes choses, du monde et de tous les phénomènes tels qu’ils sont, ici et maintenant. Il s’est « éveillé », dit-on, à la totalité de la vie, l’interconnexion infinie de tous les êtres vivants et les choses. Cette expérience de paix véritable l’a libéré de l’illusion humaine fondamentale de la séparation, illusion qui nous ligote et nous aveugle, suscitant souffrance et conflits sans fin dans notre vie et dans le monde. De cette expérience de l’unité et de la totalité, que nous nommons sagesse, a surgi naturellement son désir d’aider les autres à réaliser la même libération. Nous l’appelons la compassion.
Les enseignements du Bouddha sont encore bien vivants aujourd’hui, transmis d’une génération à l’autre par des individus qui, ayant découvert ce que le Bouddha a lui-même découvert, partagent leur expérience avec d’autres.
L’instruction de base donnée par le Bouddha à ceux venus le voir a été de s’asseoir et d’examiner la nature des choses – le qui, le quoi, le pourquoi et le comment de toute chose. Cette pratique, que nous appelons méditation, est encore la pratique de base du Zen. Et tout comme cela a été le cas à l’époque du Bouddha, cette méditation Zen est un acte de liberté. Cela veut dire prendre du recul par rapport à nos habitudes, nos croyances et nos opinions, et nous ouvrir à l’inconnu. Qui que nous soyons, où que nous soyons, c’est faire là un plongeon radical au cœur de la vie et dans la vie de notre cœur. Car, vous souvenez-vous ? Votre vie, toute la vie, est Zen.